les élections du 25 novembre au Maroc


Abdelilah Benkirane, le secrétaire général du Parti justice et développement vote le 25 novembre à Rabat.







A mesure que la soirée avance les sourires s'élargissent au siège du Parti de la justice et du développement (PJD), dans le quartier des Orangers, à Rabat. Persuadés de sortir victorieux des élections législatives anticipées organisées au Maroc vendredi 25 novembre, les militants de la principale force d'opposition marocaine, islamiste, sortent peu à peu de leur réserve. A 22 heures, la direction du parti pose pour la photo dans ses locaux. " Les résultats préliminaires sont très bons", se félicite Abdelillah Benkirane, le secrétaire général. Aucun résultat officiel n'a été rendu public, hormis un taux de participation évalué à 45 %, selon les premières estimations annoncées brièvement par le ministre de l'intérieur, Taieb Cherkaoui, sans autre commentaire.

NOUVELLE PERCÉE DES ISLAMISTES DANS LA RÉGION
Au PJD, les téléphones portables sonnent sans discontinuer pour égrener les"bonnes nouvelles": à Rabat, Salé, Casablanca, Tanger ou Meknès, le parti islamiste serait largement en tête. " Dans les villes, c'est un massacre, exulte Lahcen Daoudi, numéro trois du PJD et président du groupe parlementaire. Le vent arabe est passé par là, les gens veulent le changement et le changement passe par nous. " Agdal et Anfa, les quartiers bourgeois de Rabat et Casablanca, n'échapperaient pas à cette vague. " Huppés, pas huppés, tout le monde est pour le sérieux ", tranche M.Benkirane. Bien implanté dans le milieu urbain, le parti progresse surtout, fait nouveau, dans le secteur rural, domaine jusqu'ici réservé des notables locaux, influents et proches du pouvoir.
S'il se confirmait samedi, avec la publication des résultats officiels, le succès du PJD le mettrait pour la première fois en situation de diriger le gouvernement marocain avec un premier ministre issu de ses rangs. Il marquerait, surtout, une nouvelle percée des islamistes dans la région, après la victoire, un mois plus tôt, le 23 octobre, du parti Ennahda en Tunisie.
" Le contexte a joué en notre faveur, nuance M.Benkirane, mais c'est aussi l'aboutissement d'un processus. " Arrivé troisième aux élections législatives de 2002, le PJD, créé à la fin des années 1960 mais rebaptisé sous ce nom en 1998, était parvenu à se hisser à la deuxième place en nombre de sièges – à la première en termes de voix – lors des précédentes élections de 2007, juste derrière l'Istiqlal, le parti le plus ancien du Maroc, dirigé par l'actuel premier ministre, Abbas El-Fassi. C'est d'ailleurs avec ce dernier que le PJD pourrait nouer une alliance pourgouverner, afin de contrer la coalition libérale de huit partis proches du pouvoir – le"G8" – née pour cette campagne dans l'espoir de faire barrage aux islamistes.